Ce programme de quatuors à cordes propose un voyage à travers trois œuvres emblématiques, chacune révélant une facette singulière de l’histoire et de l’expression musicales. Le Quatuor n°2 de Mendelssohn, composé alors qu’il n’a que dix-huit ans, déploie un romantisme ardent et fiévreux. Inspiré par Beethoven, le jeune compositeur y fait entendre un motif cyclique issu d’un de ses lieder, transformé en appel passionné qui traverse toute l’œuvre. La musique oscille entre tension, élan lyrique et tendre instabilité, comme un cœur en pleine effervescence.
Avec le Premier Quatuor de Ginastera, le langage change radicalement : écrit en 1948, il est une explosion de rythmes, de gestes percussifs et de textures modernes. Nourri du folklore argentin mais profondément ancré dans l’avant-garde, ce quatuor alterne violence, mystère et incantation. Les danses spectrales, les chuchotements instrumentaux et l’énergie brute qui s’en dégagent en font une œuvre d’une intensité presque rituelle.
Le programme s’achève avec le Quatuor n°16 de Beethoven, sa dernière œuvre achevée. Sous une apparence de simplicité classique, Beethoven y distille une sagesse lumineuse et parfois malicieuse. Le célèbre final, marqué par l’inscription « La difficile résolution », interroge la nécessité, le doute et l’apaisement. « Muss es sein? Es muss sein! » : la musique y devient un sourire philosophique, léger et profond à la fois.
Réunis, ces trois quatuors offrent un panorama saisissant : du romantisme brûlant de Mendelssohn à la modernité tellurique de Ginastera, jusqu’à la clarté émouvante du dernier Beethoven — un triptyque qui montre toute la force expressive du quatuor à cordes.
